Un beau portrait de Julie Delpy

15:32 Thursday 24 June 2010

A l'occasion de la sortie de Two days in Paris, écrit, réalisé et joué par Julie Delpy, le site excessif.com sort en juillet 2007 un long portrait élogieux de l'actrice aux multiples talents. Retour sur un parcours hors du commun.




Belle, intelligente, engagée, originale, tels sont les qualificatifs qui viennent de suite à l’esprit lorsqu’on évoque le cas Julie Delpy. Comment ? Il y aurait donc un CAS Julie Delpy ? Sans doute, dans le sens où cette actrice ne rentre absolument pas dans les critères habituels, pour ne pas dire les carcans, du cinéma français. Fille du couple d’acteurs formé par Albert Delpy et Marie Pillet (apparaissant tous les deux dans son dernier long-métrage, 2 days in Paris), Julie dénote par ses choix de carrière pour le moins atypiques. Alors que ses débuts la plaçaient dans le sillage de la reconnaissance formatée à la française, avec deux nominations consécutives aux César dans la catégorie Meilleur espoir féminin (Mauvais sang en 1987, La Passion Béatrice en 1988), l’actrice n’aura de cesse de s’éloigner de ce chemin tout tracé. Femme de convictions, elle choisit ses films sur des critères exclusivement artistiques, privilégiant toujours la prise de risques (...) Le parcours de Julie Delpy force le respect. (...)




Julie se lance dans une carrière de comédienne qui la mènera très vite sur les plateaux de grands noms du cinéma européen, tels que Jean-Luc Godard (Détective), Leos Carax pour Mauvais sang ou encore Bertrand Tavernier dans La Passion Béatrice. Connaissant d’emblée une forme de consécration avec les nominations aux César pour ces deux derniers films, la jeune femme se démarque déjà par cette beauté froide mêlée à une forme d’innocence apparente. Apparente seulement, car sous sa blancheur virginale se cache un tempérament de feu. Cette ambivalence explique sûrement en partie l’attirance qu’éprouvent pour l’actrice les réalisateurs tenants d’un cinéma indépendant ou tout du moins se voulant en marge de l’industrie classique. (...)





La Française tourne ainsi sous la direction de Agnieszka Holland (Europa Europa), Volker Schlöndorff le réalisateur du célèbre Tambour dans Homo Faber, ou encore Krzysztof Kieslowski (la trilogie Trois couleurs). Des rôles où l’actrice continue d’exploiter son aura quasi mystique, créant de fait un brouillard intriguant, voire inquiétant, autour de ses personnages. Comme si toutes ces apparitions dans des productions d’Europe Centrale n’avaient eu pour but que de la préparer à ce qui demeure peut-être le rôle de sa vie : Killing Zoé. (...)




Eric, Zed et Zoé forment l’un des trios les plus attachants, repoussants et violents du cinéma. Roger Avary y prouve pour la première fois qu’il n’est pas juste un excellent scénariste. Thriller malheureusement moins connu qu’un Reservoir Dogs(Tarantino, Avary, ça ne vous dit rien ?) ou qu’un Nikita, Killing Zoé s’impose pourtant comme une pièce incontournable du genre. (...)





Julie Delpy enchaîne alors les productions indépendantes, dans une quête toujours plus exigeante d’un cinéma qu’elle conçoit comme autre chose que les produits formatés hollywoodiens. Car faire carrière aux Etats-Unis ne signifie pas forcément vendre son âme au diable. Ce n’est pas le chemin le plus rapide vers la reconnaissance, mais l’actrice a la chance de décrocher très vite le rôle principal de la romance Before sunrise (1995) aux côtés de Ethan Hawke. Un film magnifique, début d’une histoire d’amour entrée dans la légende du cinéma, puisque dix ans plus Richard Linklater et ses deux acteurs remettront le couvercle, avec en plus Delpy à l’écriture du scénario. Si le rôle de Zoé a définitivement imprimé la silhouette de Julie dans les rétines, celui de Céline dans Before sunrise puis Before sunset l’a fait entrer dans les cœurs. Comment ne pas tomber amoureux de cette étudiante française passionnée, névrosée, incroyablement nature de Sunrise, et de cette femme à la fois désabusée et idéaliste qu’elle est devenue dans Sunset ? (...)



L’expérience Before sunset, en plus de retourner les cœurs, permet à Julie Delpy de mettre en exergue une autre facette de son talent : l’écriture. Sa nomination aux Oscar dans la catégorie du meilleur scénario est un début de reconnaissance, mais l’actrice veut toujours plus. La réalisation l’attire également beaucoup, et comme à chaque fois, plutôt que de cogiter, elle franchit le pas. Avec un court-métrage d’abord (Blah Blah Blah), puis réalise les longs Tell me et Looking for Jimmy, avant d’enfiler toutes les casquettes sur son dernier 2 days in Paris. Une comédie sentimentale, genre dans lequel l’actrice se sent très à l’aise, qui confirme le talent protéiforme de Delpy et donne peut-être une nouvelle direction à la carrière déjà si marginale de la jeune femme. Quoiqu’il en soit, elle fera toujours partie de ces figures atypiques dont le cinéma a grandement besoin pour demeurer un art et non pas seulement une industrie.

Merci pour ce magnifique portrait!

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