Pour la sortie en France de La Comtesse fin avril 2010, Télérama revient sur le parcours de Julie Delpy, ses débuts au cinéma, ses difficultés - encore aujourd'hui - à trouver de quoi financer ses scénarios, et son désir d'action, toujours:

The portrait of Julie Delpy by French ciné magazine, Télérama - where they speak about Julie Delpy's career, her difficulties to find money for her films (today still, even after her successes!), and her desire for action, always:

Elle a débuté, tel un ange diaphane, dans le polar crépusculaire de Jean-Luc Godard Détective et la fresque historique de Bertrand Tavernier La Passion Béatrice. Pure, évanescente : les adjectifs que Julie Delpy inspire à ses débuts, au milieu des années 1980, l'ont toujours exaspérée. « Ma personnalité était en radical décalage avec mon physique de petite fille modèle, romantique. On me prenait pour une bourgeoise, alors que, jusqu'à 9 ans, j'ai grandi dans 25 mètres carrés sans salle de bains ! Et le romantisme m'a toujours ennuyée. »

Il n'est pourtant pas absent de son troisième film comme réalisatrice : La Comtesse, d'après l'histoire mythique d'Erzébeth Báthory, qui assassinait des vierges pour préserver sa jeunesse en se baignant dans leur sang. En interprétant ce personnage, Julie Delpy révèle une féminité vénéneuse et achève de redessiner son image, déjà bousculée par ses précédentes réalisations, Looking for Jimmy, en 2002, et surtout 2 Days in Paris, qui s'est taillé un joli succès, en 2007.

Ce dimanche printanier, elle répond aux interviews dans un hôtel parisien pendant que son mari, le compositeur allemand Mark Streitenfeld, promène leur fils autour de la place des Vosges. Elle s'est écrasé le doigt dans une porte (« je suis distraite, je me fais tout le temps mal »), mais mène tambour battant la promotion de son film, en même temps que la préparation du prochain, une comédie familiale avec Eric Elmosnino. « Le tournage va débuter alors que le budget n'est même pas bouclé. Je me demande combien de films je dois faire avant d'accéder à de meilleures conditions... »

Après avoir tourné à Paris Blanc, de Krzysztof Kieslowski, Julie Delpy s'installe en 1994 à Los Angeles, fuyant un certain « snobisme » du cinéma français. Elle ne devient pourtant pas une réalisatrice holly­woodienne : coscénariste de Before sunset, de Richard Linklater, elle gagne ses galons dans le cinéma indépendant, « très proche des films d'auteur européens ». Et même si 2 Days in Paris a été vendu à plus de cinquante pays, chaque film demeure un combat. « J'ai écrit La Comtesse il y a dix ans, personne n'en voulait. Un producteur imaginait un pur film d'horreur, un autre exigeait Jean-Claude Van Damme au casting ! Le budget est modeste : pour les scènes de bataille, j'ai deux chevaux et trois figurants dans le plan, j'espère que ça ne se voit pas trop. »

En vivant aux Etats-Unis, elle a épousé une culture du pragmatisme : « Pendant quinze ans, j'ai écrit des scénarios sans les réaliser, par manque de moyens. Maintenant je fonce, même si c'est éprouvant. » Elevée dans les loges des théâtres où jouaient ses parents, les comédiens Albert Delpy et Marie Pillet, Julie Delpy a passé son enfance à la Cinémathèque, devant les westerns, les Godard ou les Bergman que ses parents l'emmenaient voir. Adolescente, elle jouait de la clarinette (elle a composé la musique de son dernier film), écrivait déjà des scénarios et dévorait les BD de science-fiction. Férue de fantastique, elle ose dans La Comtesse des scènes presque gore : « Mes plans préférés, ce sont les cadavres de jeunes filles dans la forêt. »

Ses scénarios évoquent, souvent sous forme de comédie, les rapports de couple, la famille, la condition des femmes. « Profondément féministe, mais pas pasionaria », Julie Delpy est définitivement plus à l'aise dans l'action que dans l'introspection. A 40 ans, elle assure réfléchir peu, ne pas savoir si elle est heureuse ou malheureuse, secrète ou expansive : « En fait, je ne comprends rien à ce que je suis. » Mais à ce qu'elle fait, si.

L'actrice a par ailleurs accepté de commenter pour le journal quatre scènes de son film:

Julie Delpy's comments on four scenes of her film, The Countess:




Un dossier passionnant!

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