Le festival Cinema en Plein Air a lieu à la Villette du 17 juillet au 22 août 2010. Il a pour thème cette année "Avoir 20 ans". Toutes les projections commencent à la nuit tombée, et sont d'accès libre et gratuit (attention la location de transat et couverture est payante).

Une projection de Mauvais Sang aura lieu dans ce cadre le dimanche 1er août, pour lequel Julie Delpy avait été nominée aux Césars 1987 dans la catégorie "Meilleur espoir féminin".

L'occasion de revoir en grand écran ce film à part, que les Inrocks n'hésite pas à qualifier de film culte:


Qu’est-ce-qu’un film culte ? Par exemple Mauvais sang de Leos Carax, chef-d’œuvre des années 80 qui sort en DVD. Un polar poétique et pop, une fuite vers la mort où chaque plan est un cierge déposé aux pieds de cinéastes anciens. Unique.

Au mitan des années 80, la fréquentation des salles de cinéma chute régulièrement. Des critiques (Serge Daney en tête), des cinéastes (Godard justement, mais aussi Wenders) parlent fréquemment de “la mort du cinéma”. Le vocabulaire cinématographique est en concurrence avec d’autres idiomes, d’autres régimes visuels de plus en plus puissants – la télévision, le clip, la publicité.

Cette intuition soudaine du cinéma comme forme mortelle s’accompagne alors d’un sentiment presque religieux à son égard.

Mauvais sang est peut-être le film le plus absolu de cette religiosité cinéphile. Chaque plan y est un autel dévolu au culte de cinéastes anciens (Godard donc, mais aussi Chaplin, Griffith, Garrel, Cocteau...), chaque visage est une icône, chaque image une relique. Et parce que le cinéaste qui met en scène est un jeune homme d’à peine 25 ans, le film a la puissance associée d’une toute première et d’une toute dernière fois, simultanément dans l’émoi fiévreux de la découverte et le tragique de la disparition.

Le film est tout entier tendu vers la vitesse et l’apesanteur, des sauts en parachute deviennent des étreintes aériennes suspendues, on y court à en perdre haleine, on s’enfuit à moto, le ciel est là, par-dessus tout, avec ses comètes qui dérèglent le climat (“La comète de Haley ?... Allez !”, s’amuse Anna/Juliette Binoche) et ses nuits étoilées comme des toiles peintes. Mais si les désirs s’envolent, les corps inexorablement chutent.


(...)


C’est dire si, plus encore qu’à sa sortie, Mauvais sang est un joyau très solitaire. Son accomplissement, poétique et plastique, est magistral, constamment inspiré et gracieux, et en même temps quelque chose de fragile le mine. Trop unique, trop dans un désir enfantin d’absolu. Sa beauté est celle des licornes, des étoiles de mer. Flamboyant et étrange. Rare. Chimérique. Aurait-on rêvé Mauvais sang ?



Un petit aperçu avec la scène bien connue des adieux d'Alex à Lise...

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