About Julie Delpy's real nature...(2)
11:19 Tuesday, 20 July 2010A l'occasion de la sortie française de Before Sunset, Nelly Kaprièlan des Inrocks a eu la chance de pouvoir interviewé Julie Delpy (16/03/2005). En ressort un portrait pas complètement original (cf post précédent), mais qui revient sur la personnalité de l'actrice (entière, parano, obsessionnelle, intègre), ses relations tumultueuses avec les premiers réalisateurs avec lesquels elle a tourné (notamment Carax et Kieslowski), son énergie, sa beauté...
Extraits:
Un bonnet noir enfoncé jusqu'aux yeux, la démarche assurée dans des grosses UGG boots, le tutoiement direct, Julie Delpy n'a strictement rien à voir avec l'ado éthérée et botticellienne qui hanta le cinéma français fin 80's. Exit l'ange de Mauvais sang, la vierge de La Passion Béatrice. La fille qu'on a en face de soi s'est endurcie, a pris de la bouteille, est tombée, s'est relevée, et sait plus que jamais ce qu'elle veut. Au bout de cinq minutes d'entretien au bar du Lutetia, elle se lève pour exiger qu'on baisse la musique, prévient qu'elle a mangé de l'ail à midi et ne veut pas nous asphyxier, rit beaucoup, et finira, une heure et demie plus tard, par nous conseiller d'"essayer" les Allemands et les Nordiques, les seuls mecs au comportement pas névrosé avec les femmes, vu qu'ils ont reçu une éducation féministe...
Julie Delpy est plus qu'une nature : elle est réelle. Incroyablement réelle. Pour une actrice, on entend. Ni langue de bois, ni pose, ni mystère à cultiver, ni injections de collagène, ni portemanteau pour marque de luxe. Bref, une fille avec qui l'exercice de l'entretien se mue en vraie discussion, comme avec les vraies gens, nos vrais amis, dans la vraie vie. C'est cette réalité qu'elle prête à Céline dans Before Sunset (lire critique page 38). Une heure et vingt minutes de conversation naturelle et pourtant hypertravaillée par les deux acteurs et le réalisateur, qui y ont insufflé leur propre expérience : "On voulait éviter toute caricature, trop courante dans la comédie romantique. J'ai envoyé le premier jet du scénario à Richard Linklater, puis on a retravaillé ensemble, avec Ethan Hawke, pour que Jesse et Céline ressemblent aux gens qu'on croise, parlent comme nous tous, tous les jours. Mais pour ça, il nous a fallu laisser tomber toutes nos inhibitions, nous confier les uns aux autres... Comme par ailleurs nous sommes très amis, cela a été possible." Treize ans après avoir disparu des plateaux français, la Delpy revient en force, auréolée d'un très beau film et d'une nomination aux derniers oscars comme coscénariste.
"Pourtant, la sortie en France reste la seule à m'angoisser." Elle dit qu'ici on ne l'aime pas, que les gens lui en veulent d'avoir quitté la France, qu'elle a des tas d'ennemis, qu'ils vont la casser. Mais elle se dit aussi parano, autodestructrice, obsessionnelle (pour le travail), sourde aux compliments mais masochistement attentive aux critiques. "Je suis complètement névrosée, mais je deale avec." Et ça sonne comme un mantra, celui d'une fille qui a su transformer ses échecs en travail pour avancer.
Julie Delpy, c'est peut-être l'itinéraire le plus atypique du cinéma français. Jeune étoile échouée après avoir irradié dans trois films, autoflagellée, partie trop tôt, trop vite, avant d'exploser complètement ; ou alors jeunesse vite brûlée, cramée, voire carrément calcinée par les feux de la profession pour délit de grande gueule. "C'est plutôt ça. J'ai trop parlé, on me l'a violemment reproché, et après je n'ai plus eu une seule proposition de tournage en France. Je suis partie parce que j'avais des propositions à l'étranger, de Krzysztof Kieslowski, d'Agnieszka Holland pour Europa, Europa..." Tricarde parce qu'elle s'en était prise à un cinéaste et à sa muse, avait osé transgresser la règle du silence inhérente à la grande famille du cinéma. "Je ne veux plus en parler. Je n'en veux plus à personne. C'est aussi cela qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, et j'adore ma vie."
Mais quand on lui demande son pire souvenir, elle ne résiste pas à l'envie de narrer l'accident de moto sur le tournage de Mauvais sang et ses démêlés avec le réalisateur tendance de l'époque : "J'étais blessée et Carax m'a fait continuer à jouer, malgré la douleur, me faisant croire que si j'arrêtais, si j'osais me plaindre, j'étais une mauvaise actrice. J'ai risqué de perdre ma jambe. J'avais 15 ans, j'étais naïve, c'était facile de me manipuler." Episode fondateur de ses choix à venir.
A 16 ans, juste après Mauvais sang, elle décide qu'elle ne sera plus seulement actrice, plus seulement matière malléable et objet manipulé, et elle se met à écrire. Peu après, elle file à New York faire une école de cinéma. Maîtresse de sa vie. Delpy est cet éternel Phénix qui renaît de ses cendres, même au risque de prendre des détours sinueux pour parvenir à ses fins. Vingt ans d'écriture, dont treize d'exil, et enfin la possibilité de voir un de ses scénarios réalisé (Before Sunset). "Ma vie est une vie de difficultés. Je travaille énormément, et j'ai peu en retour par rapport au travail que je fournis et à mon implication." Elle admet s'être mis elle-même des bâtons dans les roues : "Je ne sais pas me vendre. Et puis je suis intègre. Je n'ai jamais utilisé autre chose que mon travail pour qu'un cinéaste me fasse tourner. J'ai vu trop d'acteurs utiliser le pouvoir ou le sexe pour se faire engager, et je n'ai aucun respect pour eux. Le problème, c'est qu'en étant ainsi on travaille moins, sauf avec des gens intègres eux aussi." Comme par exemple Richard Linklater, et aussi Jim Jarmusch, avec qui elle a tourné en novembre (un petit rôle dans son nouveau film avec un Bill Murray entouré d'actrices).
Au fond, Julie Delpy ressemble au personnage qu'elle incarnait récemment dans cinq épisodes de la série Urgences : cette jeune Française névrosée qui bousculait les règles rigides de l'hôpital, mettait un boxon d'enfer, brisant au passage le c'ur d'un des médecins, avant de disparaître au Canada. Bouleversante et drôle, le genre de figure qui nous tire de l'ennui, de la fadeur des professionnels de la profession, comme disait Godard, qui lui a offert son premier rôle en 1984 dans Détective. Pas actrice méritante, mais blonde piquante qui balade son côté loseuse magnifique dans Before Sunset et parvient à être belle, sexy, intelligente et comique en même temps, un registre que trop peu d'actrices hexagonales peuvent occuper. Et si Delpy était notre Sarah Jessica Parker française ? Trop étrange pour un pays trop frileux pour oser l'équivalent d'un Sex and the City ou d'un Absolutely Fabulous.
[Edit] For English readers, here is a basic translation of the interview (some of the nuances might be a little wasted...)
A black cap pulled down over her eyes, big firm step in UGG boots, relaxed and direct Julie Delpy has absolutely nothing to do with the ethereal Botticellian teen that haunted the late 80's French cinema. Exit the Angel of Mauvais Sang, the Virgin of Passion Beatrice. The girl who is in front of you has hardened, aged, fell, rose, and knows more than ever what she wants. After five minutes of conversation at the bar of Lutetia, she rises to require that they lower the music, warns us she has eaten garlic at noon and do not want to indispose us, laughs, and eventually, one hour and a half later, will finish by advising us to "try" Germans and Nordics, the only guys who don’t have neurotic behaviours with women, as they had a feminist education ...
Julie Delpy is more than a portrait: she’s real. Incredibly real. For an actress, we mean. No waffles, no mystery to cultivate, or collagen injections, or portmanteau for luxury brand. In short, a girl with whom the exercise of the interview turns into a real discussion, as with real people, our true friends in real life. This is a reality she lends to Celine in Before Sunset (read review page 38). An hour and twenty minutes of natural conversation, and yet hyperworked by both actors and director, who have instilled their own experience: "We wanted to avoid caricature, too common in the romantic comedy. I sent the first draft script Richard Linklater, then reworked together with Ethan Hawke to make Jesse and Celine resemble to the people we meet, talk like us, everyday. But for that, we had to drop all inhibitions, to be open with each others ... As we are also very good friends, it has been possible." Thirteen years after she disappeared from French cinema, Delpy comes back, brightened by a beautiful movie and nominated for an Oscar as co-writer.
”However, the French release is the only that distresses me." She says that here no one likes her, that people resent her for leaving France, that she has lots of enemies, that they will break her. But she says she is also paranoid, self-destructive, obsessive (with work), deaf to compliments but masochistically careful to criticism. "I'm completely neurotic, but I deal with it." And it sounds like a mantra, the one of a girl who has turned her failures in success to progress.
Julie Delpy has perhaps the most unusual path in the French cinema. Young star
stranded after irradiating in three films, autoflagellated and left too soon, too fast, before exploding completely; or youth quickly burned by the fires of the profession for the crime of having a big mouth. "Rather that. I talked too much, I have been severely criticized for that, and then I have not had a single proposal of shooting in France. I left because I had some suggestions to film abroad, Krzysztof Kieslowski, Agnieszka Holland for Europa, Europa ..." Embossed because she had criticized a filmmaker and his muse, had dared transgress the rule of silence inherent in the great family film. "I do not want to talk about it. I do not resent anyone anymore. This is also what made me what I am today, and I love my life."
But when asked about her worst memory, she can not resist the urge to tell a motorcycle accident on the set of Mauvais Sang and her clashes with the trendy director: "I was hurt and Carax made me continue to play despite the pain, making me believe that if I stopped, if I dared complain, I was a bad actress. I risked losing my leg. I was 15, I was naive, it was easy to manipulate me." An episode founder of her future choices.
At 16, just after Mauvais Sang, she decides she will not be only an actress anymore, a malleable object, and she began to write. Shortly afterward, she flies to New York to study cinema. Mistress of her life. Delpy is this eternal phoenix rising from the ashes, even at the risk of taking cobblestone paths to achieve her ends. Twenty years of writing, thirteen of exile, and finally the possibility of seeing one of her scripts produced (Before Sunset). "My life is a life of hardship. I work a lot, and I have little in return comparing to my work and commitment." She admits to having complicated her situation herself: "I do not know how to sell myself. And I'm honest. I've never used anything but my work for a filmmaker to make me shoot. I've seen too many actors use the power or sex to get hired, and I have no respect for them. The problem is that when you’re like that you work less, except with people of integrity." As, for example, Richard Linklater, and Jim Jarmusch, with whom she shot in November (a small role in his new movie with Bill Murray).
Basically, Julie Delpy resembles the character she embodied in five recent episodes of ER: this French neurotic young woman who shook up the rigid rules of the hospital, put a brothel hell, breaking the heart of one of the doctors, before disappearing in Canada. Disturbing and funny, the kind of figure that pulls us out of boredom, the dullness of professional actors. Not as a deserving actress, but as a hot blonde that walks her loser side in Before Sunset and manages to be beautiful, sexy, smart and funny at the same time, a register that too few French actresses can occupy. What if Delpy was our French Sarah Jessica Parker? Too strange for a country too timid to create the equivalent of Sex and the City or Absolutely Fabulous.
I wish I knew French :(
Sophie Golden 27 July 2010 at 19:13
I used Google translations to go faster, and the translation is not so bad...(I put it in the Edit of the post!)
I hope you enjoy! :)
Cee 28 July 2010 at 12:28
Great reading your blog poost
Kendra D 1 May 2022 at 00:54